Par Paul Goble
08.30.2014
Traduit de l’anglais par Voix de l’Ukraine

La décision de Vladimir Putin de s’orienter vers une invasion à grande échelle de l’Ukraine montre non seulement qu’il « n’a pas d’autres moyens et ressources » pour réaliser sa volonté que d’y envoyer également ses soldats, mais il reflète aussi le fait que ce que le chef du Kremlin a besoin n’est « pas la victoire mais la guerre elle-même, » selon un article du politologue de Kiev Pavel Kruglyakovsky.(http://euromaidanpress.com/2014/08/30/putins-thing-not-victory-just-the-war/nr2.com.ua/News/politics_and_society/Putin-topit-pechi-kremlevskoy-propagandy-telami-pskovskih-desantnikov-ekspert-78890.html)

Cela lui permet de garder la situation instable et les autres en suspens et de lui donner la sorte de liberté d’action qu’il désire, alors qu’il a dépassé le point non seulement où il peut maintenir cette situation mais aussi celui où il doit faire face au fait que c’est « le début de la fin » de son régime.

« En entrant dans un conflit militaire direct avec l’Ukraine », dit l’analyste, « Poutine commet une erreur fatale » parce qu’il ne sera pas en mesure de sortir de la situation actuelle « sans perdre la face », une chose qu’il fera tout son possible pour éviter, mais que la force des armées ukrainiennes rendra impossible.

« L’armée russe est loin d’être aussi puissante que la plupart des gens en Russie elle-même le pense, » soutient Kruglyakovsky. « La Russie d’aujourd’hui est un colosse aux pieds d’argile… le niveau de corruption dans les bureaux du Kremlin est d’un niveau supérieur à celui des bureaux ukrainiens… Et quand les généraux volent, les hommes du rang souffrent.

« Aujourd’hui, tout indique que l’armée russe n’est pas si terrible et si invincible que le suggère Dmitry Kiselyev [propagandiste du Kremlin] dans ses programmes. Ce fait commence à être reconnu à Kiev ; bientôt, on le comprendra aussi à Moscou. Les cercueils de zinc commencent déjà à arriver dans les profondeurs de la Russie. »

Kryuglyakovsky est certain que Poutine ne peut pas gagner une victoire militaire en Ukraine, car « une guerre pour la patrie [qui est celle que mène l’Ukraine] est par son énergie interne toujours plus forte que la nécessité de s’acquitter de son devoir international », surtout dans le cas d’une nation de 40 millions de personnes qui est prête à se sacrifier pour sa liberté.

« Combien d’unités militaires compétentes Poutine peut-il envoyer contre l’armée ukrainienne ? », demande l’analyste. « Encore aujourd’hui [le chef du Kremlin] est obligé de tromper ses troupes en leur disant qu’il les envoie en « manœuvres. » » Et cela soulève une question encore plus fondamentale : « le Président russe a-t-il besoin d’une victoire dans le sens classique ? »

« Que ferait-il du Donbass où toute l’infrastructure a déjà été détruite par les mains de [ses propres] terroristes ? Poutine n’a pas besoin de la « Novorossiya » Ce dont il a besoin c’est de quelque chose d’autre : des oblasts (régions administratives) de Louhansk et de Donetsk instables dans les frontières de l’Ukraine, et non de la Russie. »

En bref, « Poutine n’a pas besoin de victoire mais de la guerre elle-même, » conclut Kryuglyakovsky, et d’une guerre qu’il poursuivra en changeant constamment les slogans et les buts énoncés dans l’espoir qu’il pourra intimider les uns et garder les autres dans l’instabilité tandis qu’il cherchera une porte pour se sortir lui-même de la catastrophe qu’il a causée.

Source: http://euromaidanpress.com/2014/08/30/putins-thing-not-victory-just-the-war/